Il y aurait donc encore des héroïnes, des vraies ? Près de Dieulefit, dans la Drôme, vit Anne Beaumanoir, dite Annette, un petit bout de femme presque centenaire, aux yeux lumineux et à la parole vive. Entrée dans la Résistance communiste à dix-neuf ans, elle en enfreint les règles en prenant l’initiative de sauver deux adolescents juifs. Elle lutte à Rennes, à Paris, à Lyon ; elle participe à la libération de Marseille. Puis, après un bref intermède de vie bourgeoise – études de médecine, mariage, enfants –, elle s’engage pour l’indépendance de l’Algérie, ce qui lui vaut une condamnation à dix ans de prison. Une évasion rocambolesque lui permet de gagner la Tunisie, puis l’Algérie où elle participe au premier gouvernement indépendant sous Ben Bella, avant d’être obligée de fuir à nouveau, au moment du coup d’État de Boumédiène. La vie d’Annette, c’est une épopée! L’écrivaine Anne Weber a rencontré la quasi-centenaire pour la première fois il y a quelques années et elle a vite su qu’elle voulait écrire sur cette femme et sur sa vie incroyable. Mais comment raconter les méandres d’une existence héroïque, ses hauts faits et ses doutes? Ne faudrait-il pas les chanter plutôt?
Anne Weber, née en Allemagne en 1964, vivant à Paris, écrit toujours deux versions – française et allemande – de ses livres. Auteur d’une dizaine d’ouvrages, parmi lesquels Ida invente la poudre, Cendres & Métaux, Cerbère, Vallée des merveilles, et dernièrement Vaterland, elle a reçu de nombreuses distinctions. Également traductrice, elle a notamment traduit, en français, le romancier Wilhelm Genazino et, en allemand, Pierre Michon et Georges Perros.
Pour Annette, une épopée, publié en France aux éditions Seuil et en Allemagne chez Matthes & Seitz sous le titre de Annette, ein Heldinnenepos, Anne Weber a reçu le prix du livre allemand 2020.